Hôpital et déserts médicaux : données et perspectives
L’ampleur de la crise des hôpitaux en France est maintenant flagrante: un service d’urgences sur six fermé totalement ou partiellement, 20% des lits d’hôpital indisponibles faute d’un nombre suffisant de soignants, 30% des postes de médecins occupés non par leur titulaire mais -dans le meilleur des cas- par des intérimaires ou des contractuels. A ces problèmes, il faut ajouter l’accès restreint aux services de santé dans certains territoires, l’isolement de zones rurales peu desservies et/ou trop éloignées , mais aussi dans nombre de zones urbaines défavorisées. Nous allons examiner quelles sont les causes de cet effondrement et comment y remédier.
Même si le nombre de médecins pour 1 000 habitants reste stable depuis 20 ans, leur temps de travail n’a cessé de diminuer alors que s’accroissait la population vieillissante et que, parallèlement, le nombre de porteurs de maladies chroniques augmentaient. En 2018, l’espérance de vie moyenne dans les 10% de la population les plus pauvres était proche de 72 ans, de 84 ans pour les 10% des plus aisés Les habitants des départements très urbanisés ont 2 ans d’espérance de vie de plus que les ruraux ou ceux des DOM-TOM. Avec l’essor des maladies chroniques, se pose la question de leur prise en charge mais aussi de leur prévention. Lors de la crise du COVID les carences de la médecine préventive sont devenues évidentes et là encore on constate qu’elle n’est pas la même pour tous. Une possibilité d’amélioration serait que la médecine préventive implique non plus les seuls médecins mais tous les professionnels de santé et également les collectivités locales, le personnel éducatif… :
La France consacre une part importante de sa richesse au système de santé et cependant elle n’arrive qu’au 12ème rang pour la dépense par habitant. Dans la partie de l’exposé consacré au budget de la santé, vous pourrez constater que ce budget souffre d’un carcan administratif lourd, aboutissent à l’endettement des hôpitaux. Leurs investissements ont cessé, y compris ceux garantissant le fonctionnement quotidien et la qualité des moyens de travail La vacance de postes tant pour les médecins que pour les personnels non médicaux entraine des fermetures de lits, aggravant les difficultés des urgences face à l’afflux de malades tout comme la qualité d’accueil des patients.
Pour sortir de cette crise, le premier objectif serait d’établir un maillage sanitaire territorial. Des incitations financières ont été mises en place pour mieux répartir les professionnels de santé sur l’ensemble du pays. Cette incitation pécuniaire doit donc être accompagnée d’une orientation de la formation initiale, d’une régulation de l’installation, d’un aménagement des conditions de travail et de remplacement, et de la promotion des structures d’exercice collectif
La construction d’une politique de prévention devrait permettre de réduire tout autant le poids des maladies chroniques que celui des hospitalisations évitables. Elle nécessiterait un investissement intégrant les collectivités, le système éducatif, le médico-social et le secteur sanitaire
L’expérience « Covid première vague » a montré qu’avec le soutien d’une volonté politique, d’une administration à l’écoute des demandes des praticiens, les membres du service hospitalier, rejoints par les jeunes retraités, les jeunes diplômés, voire les étudiants ont pu faire face à une vague épidémique sans précédent. En mars-avril 2020 il n’y a pas eu de « tri » entre les patients malgré leur nombre.
Pour parvenir à cette nouvelle façon de fonctionner il faudrait renverser la logique actuelle et définir d’abord les besoins avant d’attribuer des moyens
Ce n’est que par un dialogue entre élus, associations de malades, représentants d’usagers, professionnels de santé et autorité tutelle, que les besoins auxquels l’hôpital et la ville doivent répondre pourront s’améliorer. L’attribution d’un budget devra alors en découler.
Cet exercice de démocratie sanitaire permettrait de rebâtir un système de santé solide.